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Collectif DDH

Le Journaliste Ufuk Şanlı Entame Une Grève de la Faim en Prison

Le journaliste détenu Ufuk Şanlı : « L’Histoire retiendra ces procureurs et les employés d’Odatv comme des assassins de journalistes. »

Arrêté pour la deuxième fois à Istanbul dans le cadre d’enquêtes arbitraires visant le Mouvement Gülen, le journaliste Ufuk Şanlı a entamé une grève de la faim en prison afin de protester contre « les pratiques illégales du parquet d’Istanbul et les employés d’Odatv qui l’ont désigné comme cible ». Şanlı a déclaré qu’il poursuivrait son action jusqu’à la préparation de son acte d’accusation et l’ouverture de son procès.

Le 11 juillet, dans le cadre de la nouvelle vague d’enquêtes arbitraires contre le Mouvement Gülen, Ufuk Şanlı, journaliste économique expérimenté, a été de nouveau arrêté et placé à la prison de Marmara (Silivri). Lauréat de nombreux prix dans le domaine du journalisme économique, il avait déjà passé quatre ans et demi en détention lors de la chasse aux sorcières menée sous l’état d’urgence.

« EN 2016, J’AI ÉTÉ MAINTENU 6 MOIS SANS ACTE D’ACCUSATION »

Dans une lettre adressée depuis la prison au journaliste Ahmet Dönmez le 20 août 2025, Şanlı rappelle qu’en 2016, un mandat d’arrêt avait été émis contre lui par le parquet d’Istanbul et qu’il s’était présenté de son plein gré depuis Izmir. Il raconte qu’il avait alors été placé en détention par le juge des libertés et de la détention Hulusi Pur au motif que « les preuves pourraient être divulguées à la presse ».

« En juillet 2016, lorsque j’ai appris que le parquet d’Istanbul avait délivré un mandat d’arrêt et de garde à vue contre moi, je suis venu de Çeşme (Izmir) à Istanbul. Le juge Hulusi Pur m’avait incarcéré en raison de la collecte incomplète des preuves et du risque de fuite. Mon acte d’accusation n’avait été rédigé que six mois plus tard, et je n’avais comparu devant le tribunal qu’au bout de huit mois. Je ne veux pas revivre ces absurdités. C’est pourquoi j’ai pris une telle décision », écrit-il.

« MON TESTAMENT DE 8 PAGES SERA TRANSMIS AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES »

Şanlı qualifie les pratiques au palais de justice de Çağlayan de « mise à mort de la dignité » et affirme avoir rédigé un testament de huit pages qu’il a confié à un ami journaliste en Allemagne. En cas de problème, ce texte sera transmis à PEN International, au correspondant de Die Welt Deniz Yücel ainsi qu’au rédacteur en chef du Washington Post par l’intermédiaire d’un ami commun.

« Je sais que pour les bourreaux de la dignité du tribunal de Çağlayan, la vie des gens n’a aucune valeur. C’est pourquoi j’ai préparé un testament de huit pages. Je l’ai envoyé à un ami qui travaille comme cadre dans un média international en Allemagne. Si quelque chose m’arrive, il sera remis à PEN International, à Deniz Yücel et au rédacteur en chef du Washington Post », précise-t-il.

« L’HISTOIRE LES INSCRIRA COMME ASSASSINS DE JOURNALISTES »

Dans sa lettre, Şanlı cite expressément le procureur adjoint d’Istanbul Can Tuncay, le procureur Burak Güner et les employés d’Odatv :
« L’Histoire les inscrira comme des assassins de journalistes. Ces bourreaux de la dignité devront tôt ou tard rendre des comptes », écrit-il.

« C’EST TOUT CE QUE JE PEUX FAIRE »

Il conclut sa lettre par ces mots :
« Maudit soit le système judiciaire qui permet à des individus sans honneur de détruire la vie de personnes honnêtes. Maudits soient les procureurs qui anéantissent des vies sur la base de rapports de renseignement dénués de toute valeur juridique. Maudits soient les agents de renseignement capables d’écrire un rapport pour 250 000 euros et de faire ensuite exactement l’inverse. Maudits soient les pseudo-journalistes sans scrupules qui s’allongent devant les services de renseignement pour piéger des innocents. Le procureur adjoint Can Tuncay, le procureur Burak Güner et les employés d’Odatv passeront à la postérité comme des assassins de journalistes. De tous leurs crimes, c’est celui dont ils auront le plus honte. Car les journalistes honnêtes, partout dans le monde, leur demanderont des comptes. C’est tout ce que je peux faire. Je voulais aussi vous en informer. »

Şanlı souligne qu’il poursuivra sa grève de la faim jusqu’à la préparation de son acte d’accusation et l’ouverture de son procès.

IL AVAIT DÉJÀ PURGÉ 4 ANS ET DEMI DE PRISON

Ufuk Şanlı avait participé, aux côtés du journaliste Nazmi Gökçeli, à la « Veille de l’Espoir » organisée devant la prison de Silivri après l’arrestation de ses confrères Erdem Gül, Can Dündar et Hidayet Karaca.

Arrêté le 27 juillet 2016, quelques jours après la proclamation de l’état d’urgence, et placé en détention quatre jours plus tard, il avait été condamné le 8 mars 2018 à 7 ans et 6 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Il avait purgé 4 ans et demi à la prison de Marmara (Silivri) avant d’être libéré en 2021 sous contrôle judiciaire dans le cadre de la libération conditionnelle.