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Collectif DDH

En Turquie, les opérations de haine envers les jeunes se poursuivent sans relâche

Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé le 6 mai l’arrestation de 208 personnes, en majorité des étudiantes, lors de perquisitions coordonnées dans 47 provinces, sous la direction du parquet de Gaziantep. Des sources ultérieures indiquent que ce nombre est désormais passé à 320.

Selon les informations recueillies par le site d’information TR724, certaines jeunes femmes auraient été interpellées pour être parties à l’étranger dans le cadre du programme Erasmus ou pour rendre visite à leurs parents. Le procureur aurait imposé une interdiction de communiquer avec les avocats pendant 24 heures, ainsi qu’un secret total sur le dossier.

Après la levée de l’interdiction de communiquer avec les avocats, une règle limitant chaque avocat à la défense d’un seul détenu a été imposée, les interrogatoires ont commencé, et les étudiants se sont vu poser des questions telles que : « Pourquoi êtes-vous allé à l’étranger ? » ou « De qui avez-vous reçu des instructions ?

Des visites entre femmes voilées assimilées à des activités terroristes

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le ministre Yerlikaya présente comme preuve des femmes voilées participant à des réunions à domicile, assimilant ces rencontres à des activités terroristes. Il justifie les arrestations par l’organisation de « réunions en Turquie et à l’étranger » ainsi que par la participation des étudiantes à des « camps de formation » à l’international.

Les étudiants interpellés — pour la plupart des jeunes filles issues de familles touchées par les décrets-lois (KHK) — sont accusés pour des motifs tels que des voyages dans des pays des Balkans comme la Bosnie ou la Macédoine, des visites à leur famille vivant à l’étranger, ou encore le fait d’avoir partagé un logement commun.

L’avocat Nurullah Albayrak a partagé sur son compte de réseaux sociaux l’une des questions posées aux étudiants au commissariat de police:

« Quel était le but de votre départ à l’étranger ? Étiez-vous accompagné(e) de quelqu’un lors de votre départ ou de votre retour dans notre pays ? Comment avez-vous réuni les fonds nécessaires pour pouvoir quitter le territoire ? Qui a acheté le billet d’avion en question et qui en a payé le montant ? Veuillez fournir des explications détaillées. » 

Le père en prison, la sœur morte d’un cancer

Parmi les 14 étudiantes arrêtées à Denizli, figure la sœur d’une étudiante en médecine décédée d’un cancer de l’estomac, alors que leur père était déjà incarcéré.
Une autre jeune fille, âgée de 21 ans, serait accusée d’avoir participé à un voyage à l’étranger. Elle n’a pas souhaité que son identité soit révélée.

Les perquisitions ont été menées par la Direction générale de la sûreté (EGM), la Direction de la lutte antiterroriste (TEM), les services de renseignement ainsi que les unités TEM de plusieurs préfectures de police.

Les opérations ont eu lieu à Erzincan, Istanbul, Burdur, Izmir, Afyonkarahisar, Kayseri, Eskişehir, Denizli, Kırşehir, Konya, Hatay, Kilis, Osmaniye, Bursa, Adana, Trabzon, Bingöl, Malatya, Aksaray, Erzurum, Bolu, Balıkesir, Ardahan, Yozgat, Sakarya, Niğde, Manisa, Muğla, Şanlıurfa, Samsun, Mardin, Edirne, Kırklareli, Kocaeli, Aydın, Isparta, Yalova, Tokat, Diyarbakır, Ordu, Batman, Van, Çanakkale et Antalya.

Déclaration du Collectif DDH sur la détention arbitraire de 208 personnes en Turquie: clicquez ci

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